Cette année, l’automne est exceptionnellement chaud et sec. La végétation évolue lentement.

Indépendamment, je me permets aujourd’hui un rare hors sujet. Nous entendons beaucoup parler de réforme, ou en tout cas grands changements de notre système éducatif. Je ne suis pas directement concerné, étant enseignant-chercheur universitaire, mais tout ce qui touche à l’enseignement m’intéresse, et j’ai eu l’idée de faire l’expérience de pensée de remonter 44 ans en arrière et d’interviewer l’élève de 4ième que j’étais en 1979, âgé de 15 ans. Je donne ensuite mon avis sur certains points.

3 thoughts on “La très lente transition d’automne

  1. Olivier Bailleux dit :

    Je suis en train de tester les commentaires et je constate un problème : on devrait pouvoir commenter avec un compte WordPress.com mais ça ne fonctionne plus. Je n’ai pas de solution immédiate, mais il reste possible de commenter en mettant votre nom dans la ligne dédiée ci dessous.

  2. Cornus dit :

    Très belles photos, comme d’habitude…
    Mais je voudrais revenir sur le « hors sujet » sous forme d’interview il y a 44 ans et aujourd’hui. Je constate que je possède de très nombreux points communs avec le collégien d’alors, même si cela était probablement un peu moins handicapant me concernant. Je retrouve notamment :
    – ma faiblesse en langues, notamment en allemand ;
    – le fait que j’aie dû m’accrocher parfois de manière têtue en mathématiques jusqu’au bac D ;
    – ma faiblesse en sport en général, mon aversion total au football, mes difficultés sur presque tous les sports avec ballon (sauf un peu en basket car j’avais trouvé quelques marques intéressantes au lycée, en revanche, je n’ai jamais pratiqué le rugby) en gymnastique, en jeux avec raquettes. En revanche, quelques aptitudes en certaines disciplines d’athlétisme (sprint, sut en hauteur) mais nul en course de fond ;
    – les grandes difficultés voire l’impossibilité d’apprendre des choses dont je ne comprends pas le sens profond ou les mécanismes (et cela m’est arrivé même après le bac dans différents cours de chimie en particulier). Il y a des choses qui paraissent évidentes aux profs qui ne l’étaient pas pour moi, alors que c’est parfois d’assez minuscules déclics qui ne se font pas ;
    – le fait d’avoir été très souvent un élève discret, parfois même effacé et il m’a fallu sortir après le bac de cette torpeur, de cette forme de timidité (je pense que certaines personnes ne me reconnaîtraient pas) ;
    – l’importance pour le développement de « l’intelligence » des moments de temps libres (dont les vacances).

    Je ne suis pas enseignant, même si j’ai dispensé des cours / TP / terrain à l’université (bac + 2 à bac + 5) pendant une dizaine d’années (ce qui m’a fait du bien d’ailleurs). Mais ce n’était pas évident car certains étudiants avaient des niveaux au départ très disparates, singulièrement les personnes en formation continue d’âge mûr (parfois 40 ans voire 50 ans) et des expériences diverses (d’ingénieur commercial, informaticien, carrier, batelier ou des étudiants ou jeunes professionnels qui se réorientaient). J’ai eu aussi des étudiants plus « classiques » en formation continue, qui globalement étaient meilleurs mais plus « scolaires » ou plus « fades ». Les enseignements que je dispensaient, même ceux que je faisaient sur la durée, étaient un peu « de niche » et il m’est difficile de me rendre compte par rapport à un « vrai » enseignant. Mais nul doute que certaines personnes ont besoin de plus de temps pour trouver les « déclics » dont je parle plus haut, dans bien des disciplines et pas seulement en mathématiques. Et je pense aussi que certaines personnes sont rebutées par certains aspects que l’enseignant ne perçoit pas nécessairement. Par exemple, en botanique, certaines personnes ne sont pas capables de reconnaître la famille d’une plante sans reprendre une clé de détermination à la base. C’est en partie une question de mémoire visuelle. Cela vient avec la pratique, mais plus ou moins vite. Autre exemple (et cela concerne aussi des professionnels), certaines personnes sont capables par d’identification visuelle des plantes, de la végétation, de sa structure et de plein d’autres « signaux », d’identifier immédiatement avec une bonne précision les caractéristiques physicochimiques et écologiques du lieu, alors que d’autres, aussi bons voire meilleurs en botanique, en sont assez incapables sans passer un certain temps d’analyse. Pour faire simple, nous n’avons pas les mêmes « circuits » dans nos cerveaux, les mêmes expériences et c’est aussi cela qui fait nos richesses collectives.
    Une autre chose que je trouve essentielle, l’enseignement secondaire (entre autres) continue de faire la part belle à la mémoire à assez court terme et assez peu (trop peu) à celle de long terme, ce qui peut être aussi une cause d’échec scolaire. Personnellement, je fais partie de ceux qui apprenaient assez peu à la fois en termes de volumétrie mais durablement, ce qui est peu valorisé dans les études, les concours ou autres. Je fréquente parfois des anciennes bêtes de concours qui se retrouvent hauts fonctionnaires (polytechniciens en particulier) un peu tous coulés dans le même moule et cela pose à mon sens de sérieux problèmes que je ne vais pas développer ici.
    En tout cas merci pour cette réflexion intéressante. Mais j’ai déjà été beaucoup trop long.

    1. Merci beaucoup pour ce retour très intéressant. Les programmes actuels, notamment dans les matières scientifiques, mettent l’accent sur l’acquisition des automatismes, en concordance avec ce que les recherches en sciences cognitives tendent à montrer, à savoir que des procédures stockées dans notre mémoire à long terme et qu’on exécute sans réfléchir nous permettent de réaliser des tâches complexes sans surcharge cognitive. MAIS je crains que ce concept soit souvent dévoyé pour « faire du chiffre » (en terme de résultats scolaires apparents) en entraînant les élèves a exécuter sans réfléchir des recettes perçues comme « magiques » sans développer leur compréhension en profondeur. Cette vidéo de David Louapre [https://youtu.be/RVB3PBPxMWg] donne beaucoup de conseils et informations sur les bonnes pratiques d’apprentissage. Mais au delà des pratiques et méthode pédagogiques, ce sont les objectifs d’apprentissage qui sont essentiels. Que cherche-t-on à développer chez la personne apprenante ?

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